Et si tu voyais clair, enfin

Et si tu voyais clair, enfin

Tu es toujours au bon endroit, au bon moment.
Mais le vois-tu vraiment… ou ne vois-tu que l’illusion que tout devrait être autrement, plus parfait, plus lisse, plus grand?
Tu vis entouré de l’essentiel, même si parfois tu l’oublies.
Un toit pour t’abriter. Un espace à toi. Des visages qui comptent, même s’ils ne le montrent pas toujours bien.
Des journées tissées de petits gestes : un café au bon moment, un silence qui fait du bien, un rire échappé sans raison.
Et la vie, même si elle te semble imparfaite, t’offre souvent ce dont tu as besoin pour avancer, respirer, exister.
Il suffit parfois d’un instant pour le reconnaître. D’un regard un peu plus nu, un peu plus ouvert.

Mais malgré tout cela… quelque chose froisse le silence à l’intérieur.
Une fine brume d’insatisfaction, toujours suspendue.
Comme un souffle qui cherche la poussière sur ce qui brille.
Un mot à redire, un coin d’émotion à plier autrement, une porte à entrouvrir juste pour s’en échapper.
Une manie de râler doucement, comme on respire — sans même s’en rendre compte.
Un froncement de sourcils devenu réflexe, même quand la lumière s’étale en or sur les murs.

Un soupir discret, presque invisible, mais toujours là.
Ce petit film mental qui repasse les manques, les détails qui coincent, les phrases qui blessent.
Une agitation douce qui te pousse à chercher ce qui ne va pas, même quand tout semble aller.

Tu sais…
Ce n’est pas que ta vie manque de lumière.
C’est peut-être ton regard qui s’est un peu assombri.
Trop de filtres, trop d’anciennes histoires qui continuent de parler à ta place.

On t’a appris à scruter le problème, à t’inquiéter avant même que le réel ne tremble.
À croire qu’être sérieux, c’est être inquiet.
Que voir le beau, c’est être naïf.

Alors tu marches dans l’abondance, mais avec les yeux fermés.
Tu vis dans le confort, mais avec l’âme en veille.
Tu es entouré, mais tu te racontes encore l’histoire de la solitude.
Et tu souffres… parfois même sans t’en rendre compte.

Mais si tu arrêtais un instant?
Si tu t’asseyais dans le silence, sans chercher à régler quoi que ce soit…
Et que tu regardais vraiment.

Tu verrais peut-être que tu n’as pas besoin d’en faire plus, d’avoir plus, de prouver quoi que ce soit.
Que tu n’es pas ce personnage fatigué qui rejoue en boucle les mêmes douleurs.

Tu es celui, celle, qui peut s’ouvrir.
Qui peut respirer un peu plus lentement.
Qui peut laisser tomber les lunettes du manque, sans avoir peur d’être libre.

Ce n’est pas un effort.
Ce n’est pas une révolution.
C’est un glissement. Un soupir.
Un retour à ce qui a toujours été là.

Le bonheur ne fait pas de bruit.
Il ne se montre pas, il se ressent.
Il est caché dans la texture du présent. Dans les détails qu’on oublie de voir.
Dans l’évidence qu’on repousse.

Tu n’as pas à mériter ce que tu as.
Tu n’as pas à t’excuser d’aller bien.
Tu n’as pas à rester loyal aux blessures juste parce qu’elles t’ont construit.

Tu peux déposer tout ça.
Tu peux décider que ton histoire continue autrement.
Sans masque. Sans boucle. Sans drame.

Tu peux redevenir cet être vivant, clair, ouvert…
Celui qui sait goûter le simple, et s’émerveiller du peu.
Celui qui reconnaît que ce qu’il cherchait était déjà là — mais vu de travers.

Et peut-être qu’un jour, sans prévenir,
en croisant ton reflet dans la vitre d’un matin calme,
tu verras dans tes yeux une clarté nouvelle.

Pas parce que tout est parfait.
Mais parce que tu as choisi, enfin,
de voir.

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